Ce courrier daté du 28 avril 2023 a été envoyé aux personnes qui ont répondu à l’appel d’urgence Syrie lancé par l’ACO suite au séisme du 6 février. Il remercie les donateurs et donne des nouvelles des actions engagées par les paroisses protestantes syriennes d’Alep et de Lattaquié.

Madame, Monsieur,

               Chers amis et chères amies de l’ACO,

               Il y a bientôt trois mois, le 6 février, deux séismes d’ampleur ont affecté des millions de personnes en Turquie et en Syrie. Plus de 50000 décès dont environ 6000 en Syrie, des milliers de blessés, une multitude de sans-abris et des destructions considérables.

  Un immense élan de générosité s’est manifesté de par le monde pour répondre à cette détresse, et vous avez fait le choix de soutenir notre « appel d’urgence Syrie ».

               Au nom de nos partenaires, nos frères et sœurs du nord de la Syrie, nous souhaitons vous adresser toute notre gratitude et vous informer des projets mis en œuvre grâce à vos dons.

               Ceux d’entre vous qui connaissent bien notre association savent qu’elle est née il y a un siècle pour agir en Syrie, à Alep, auprès de réfugiés arméniens rescapés du génocide de 1915 perpétré dans l’Empire ottoman. Depuis cette époque nous sommes en relation de communion et de partenariat avec plusieurs Eglises protestantes de la région. C’est pourquoi, dès le premier jour, nous avons pu avoir des nouvelles directes et saisir l’importance d’être aux côtés de nos amis.

               En effet, les communautés protestantes d’Alep et de Lattaquié, deux villes parmi les plus touchées en Syrie, se sont immédiatement mobilisées pour venir en aide à des centaines de personnes pendant plusieurs semaines. Elles ont ouvert leurs locaux, églises et écoles qui n’avaient pas été endommagés, pour accueillir des personnes ayant perdu leur logement ou qui étaient dans la crainte de rester chez elles. Il faut imaginer que des milliers de répliques, dont certaines violentes, se sont succédé sur plusieurs semaines et que régulièrement de nouveaux bâtiments se sont écroulés.

               Grâce à leurs œuvres (associations d’entraide et cliniques) et à leurs bénévoles, nos amis ont pu offrir des matelas, des couvertures, des habits, des repas, de l’eau potable, des produits d’hygiène, des médicaments et des soins. Un accompagnement pastoral et psychologique s’est aussi mis en place, de même que des activités pour des enfants dont l’école s’est arrêtée pendant un mois. Bien sûr ce soutien a été proposé à toute personne dans le besoin, qu’elle soit chrétienne ou musulmane. Une coordination s’est organisée sur place avec les autres Eglises chrétiennes, les institutions musulmanes, les services publics. La solidarité s’est exprimée au-delà de toutes les différences et les Eglises protestantes syriennes ont une fois de plus pu témoigner de leur engagement concret et de leur ouverture aux autres.

               Je voudrais mentionner ici le nom des pasteurs que nous connaissons personnellement et qui sont à l’œuvre dans cette épreuve : à Lattaquié, Salam Hanna et Kherallah Attalah, à Alep, Ibrahim Nseir, Bchara Moussa Oghli et Haroutune Selimian. Nous pouvons les porter dans nos prières ainsi que leurs communautés.

               Aujourd’hui nous entrons dans une seconde phase de soutien grâce à des projets mis en œuvre par ces Eglises afin d’aider les plus défavorisés dans les mois à venir. Ces projets se concentrent sur deux axes : l’aide au logement et l’aide médicale.

               Il faut comprendre ces initiatives à la fois dans le contexte du séisme mais aussi dans celui d’une Syrie dévastée par douze années de guerre. Vous savez que le pays reste divisé et que de multiples acteurs locaux et internationaux continuent d’y intervenir sur le terrain militaire. La sécurité y est donc précaire mais ce qui préoccupe tout un chacun c’est la survie quotidienne sur le plan économique et social : 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté et plus de 14 millions de personnes ont constamment besoin d’assistance humanitaire dans un pays aux infrastructures ruinées et sous sanctions internationales. Le salaire moyen mensuel est tombé sous les 20 dollars alors que les loyers, pour un deux-pièces en ville, peuvent monter jusqu’à 100 dollars par mois. Le séisme est venu frapper des personnes déjà vulnérables et aggraver leur quotidien marqué par l’inflation, les pénuries, l’absence d’espoir.

               Nous sommes donc d’autant plus mobilisés pour discerner avec nos partenaires les meilleurs moyens d’utiliser les 120.000 euros de dons que nous avons reçu à notre niveau. [Début juin 2023 ce montant atteint 135.000 euros ]

               L’aide au logement va s’adresser à des familles pauvres avec enfants directement affectées par le séisme. Elle va se décliner en deux parties. La première consiste en une aide financière sur une année pour permettre à des familles sans-abris de pouvoir régler un loyer dans un nouveau logement. La seconde vise à aider des familles à rénover leurs logements pour qu’elles puissent rapidement y retourner en toute sécurité ou, si elles sont encore chez elles, à effectuer les réparations les plus indispensables.

               L’aide médicale consiste à renforcer les capacités de deux dispensaires médicaux à Alep, celui de la paroisse protestante du Synode Arabe et celui de « l’Eglise du Christ » (centre diaconal lié aux Eglises protestantes arméniennes). Au-delà des questions d’équipement et de financement de soins nous participons également à l’installation de panneaux solaires dans ces deux lieux afin qu’ils puissent fonctionner en autonomie énergétique et qu’ils puissent remplacer en tout ou en partie les générateurs fonctionnant au fioul (de plus en plus inabordable dans le contexte de crise sans compter les pénuries de carburant et l’aspect polluant).

               Enfin un soutien est également dégagé pour contribuer aux réparations de deux églises à Alep et Hama : les dégâts n’affectent pas les structures mais doivent être réglés sans attendre.

               Pour tous ces projets nous avons bien sûr reçu des dossiers solides, détaillés et chiffrés. Des équipes sont mises en place localement pour suivre l’aide apportée et contrôler son bon usage. Nous avons pleinement confiance en nos partenaires qui nous délivreront des rapports précis dans les mois à venir.

               Enfin j’ajoute que ces projets sont aussi soutenus par d’autres organismes et que nous sommes en échange réguliers avec eux, notamment GZB aux Pays-Bas et DM en Suisse qui font partie de notre structure internationale, « l’ACO Fellowship ». Ce mois de mai j’aurai également l’occasion de faire le point, lors d’une rencontre au Liban, avec l’Eglise du Synode Arabe et nombre de ses partenaires internationaux qui contribuent également à cet engagement solidaire.

               Le comité de l’ACO et moi-même nous nous tenons à votre disposition pour toute demande de renseignement complémentaire et nous vous disons combien nous sommes touchés par votre confiance et votre engagement à nos côtés, dans l’esprit de cette parole du Christ :

« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux,

car c’est la loi et les prophètes. »

Evangile selon Matthieu chapitre 7, verset 12

Fraternellement,

Mathieu Busch,