Une année scolaire réussie malgré la pandémie !
L’ACO participe à ce projet uniquement par des dons provenant de donateurs individuels qui mentionnent leur souhait de spécifiquement soutenir les « écoles pour enfants syriens réfugiés au Liban ». Si vous souhaitez faire un don pour ce projet merci de le préciser dans votre courrier ou message accompagnant votre don en ligne.
Un merci tout particulier au groupe de Gap lié à l’Eglise Unie (EPUdF ; projet Al Saboun) qui soutient ce projet depuis plusieurs années.
Dès l’arrivée des premières vagues de réfugiés syriens au Liban, le Synode Arabe (la principale Eglise réformée du Liban et de Syrie) s’est senti très concerné par le nombre grandissant d’enfants bouleversés par le conflit, errants dans les rues ou vivant des camps et sans accès à l’éducation.
Plus de 10 ans après le début de la guerre en Syrie, plus d’un million de réfugiés sont toujours présents au Liban : des dizaines de milliers d’enfants font partie de ces réfugiés dont une grande part sont désormais nés dans les nombreux camps répartis sur l’ensemble du territoire. Le système éducatif libanais, les établissements scolaires privés et diverses ONG essayent d’offrir un enseignement à ces enfants mais l’ensemble des besoins sont loin d’être couverts.
La naissance et l’évolution du projet
Après des mois de préparation, grâce aux efforts du Synode et de plusieurs de ses paroisses, six écoles réparties sur l’ensemble du territoire libanais ont vu le jour en 2016. Plus de 700 enfants y ont été accueilli durant trois années scolaires.
Depuis 2019, pour des raisons financières, seules 4 de ces écoles peuvent encore continuer à fonctionner : 400 enfants bénéficient toujours de cette offre éducative (à Tyr dans le Sud, Qab Elias dans la plaine de la Bekaa, Tripoli et Miniara au Nord). Le projet est actuellement géré par l’ONG CPS (Compassion Protestant Society) qui a été créée par le Synode Arabe pour mettre en œuvre son action diaconale et humanitaire. Les quatre écoles sont maintenant associées à des centres d’aide aux réfugiés où CPS offre aussi d’autres services (colis alimentaires, kit sanitaires pour faire face à la pandémie du Covid-19).
Les écoles
Garçons et filles, âgés de 6 à 12 ans environ, sont accueillis chaque jour ouvrable de la semaine. Les enfants suivent le programme syrien mais reçoivent également des cours d’anglais. L’enseignement est de bonne qualité : quelques familles sont rentrées en Syrie et leurs enfants ont pu y reprendre un cursus scolaire normal sans perdre une année.
Au-delà de l’enseignement les écoles sont aussi un formidable lieu de socialisation et de résilience : apprentissage de la vie collective en se respectant les uns les autres, moments de jeux et d’animation lors des récréations ou de temps extra-scolaires, repas en commun offerts, suivi médical régulier. Tout est fait pour les aider à se construire dans une atmosphère de dignité et de d’apaisement.
Le fait que la plupart de ces enfants soient musulmans et que ce projet soit proposé par une Eglise constitue aussi un témoignage fort exprimant la volonté de vivre en paix et en solidarité quelles que soient les différences. Il s’agit de contribuer à l’avenir de ces enfants mais aussi à la construction de relations de bon voisinage car une grande partie des réfugiés resteront sans aucun doute au Liban.
L’effort financier pour le fonctionnement de ces écoles est très important : aménagement des lieux et charges (chauffage, eau, électricité, assurance…), salaire des professeurs, ramassage scolaire, fournitures, vêtements pour les enfants, soins médicaux et autres dépenses demandent des dizaines de milliers d’euros chaque année.
Au cœur des crises libanaises et de la pandémie
Depuis la fin de l’année 2019 le Liban traverse une grave crise économique qui a des répercussions sociales et politiques considérables. En 2020 la pandémie du Covid-19 et l’explosion du port de Beyrouth ont encore aggravé la situation, affectant tout un chacun au Liban. A ce jour aucune solution politique et économique n’est en vue.
La vie et l’éducation des enfants et des jeunes sont bouleversés par la plongée des familles dans la pauvreté et par le rythme des confinements/déconfinements successifs. Continuer à s’occuper de l’éducation d’enfants syriens réfugiés est un véritable défi dans ce contexte.
Cours en ligne
A cause de l’épidémie de COVID-19, toutes les écoles libanaises ont dû fermer en mars 2020. La transition vers un enseignement à distance a été particulièrement problématique pour les communautés ayant un accès limité à internet et démunis de matériel adéquat.
Un grand nombre de professeurs et d’élèves ont témoigné que les cours en ligne n’étaient pas fonctionnels au Liban à cause des problèmes de connexions Wi-Fi et des coupures d’électricité. De ce fait CPS a pris la décision de rouvrir les portes de ses écoles en décembre après avoir mis en place toutes les mesures préventives nécessaires. Cependant de nouvelles mesures ont contrait à fermer et rouvrir plus fois durant ces derniers mois.
Durant cette période les professeurs engagés par CPS ont eu la possibilité de suivre des formations sur l’enseignement en ligne avec l’aide de l’organisation chrétienne « Danmission » et USAID.
Il n’y a pas de connexion internet dans les camps, les familles n’ont pas d’ordinateurs portables, au mieux ils ont un téléphone portable par famille. Les réfugiés utilisent surtout la 3G disponible sur leur téléphone. Très peu ont accès à une connexion Wi-Fi. CPS s’est donc adapté en donnant des leçons à travers l’application WhatsApp, de faible technologie, et en adaptant son emploi du temps aux besoins des élèves qui devaient parfois partager leur téléphone avec leur famille. Des tablettes numériques et des cartes téléphoniques pré-payées ont été données à des élèves et des professeurs selon les besoins.
Mise en œuvre
- Les professeurs créent des groupes WhatsApp par matière et niveau après l’approbation du coordinateur de projet.
- L’emploi du temps des classes est approuvé par le coordinateur de projet.
- Un plan mensuel est envoyé aux directeurs des écoles et au coordinateur de projet. Après son approbation, les plans des leçons sont envoyés quotidiennement aux directeurs des écoles. CPS prépare un modèle pour les plans de leçons mensuels et quotidiens comprenant les objectifs des leçons, les acquis d’apprentissage, les ressources, les activités et les exercices.
- Les professeurs envoient des présentations PowerPoint, des activités et des exercices aux différents groupes créés.
- Grâce à leurs bonnes infrastructures les écoles de Tyr et de Qab Elias ont donné la possibilité aux professeurs d’enregistrer leurs leçons en vidéo et de les envoyer sur les groupes WhatsApp.
- Les exercices et activités remplies par les élèves pouvaient être photographiées et envoyées aux professeurs sur l’application W.
- Pour certaines matières les élèves devaient s’enregistrer chez eux et envoyer leurs vidéos sur l’application.
- Les professeurs suivaient l’évolution de leurs élèves grâce à des tests en ligne.
- Il n’y avait peu de face à face entre professeurs et élèves puisque les écoles étaient souvent fermées
- Il y avait des réunions mensuelles entre les directeurs d’école et le coordinateur de projet.
Bilan de l’année scolaire passée (2020 – 2021)
CPS a réussi à créer une expérience positive dans ses écoles et à distance malgré les grandes difficultés et en contraste avec la grande insatisfaction générale au Liban au sujet des défaillances de l’enseignement en ligne. Les parents étaient ravis de voir leurs enfants motivés à continuer leurs études malgré toutes les difficultés et défis qu’ils traversent. Cette motivation s’est d’ailleurs vue reflétée dans les résultats des examens. Les professeurs sont très engagés puisqu’ils interagissent avec les les élèves tout au long de la journée et même après les heures officielles de cours. Les directeurs d’école étaient également satisfaits de cette expérience qui a permis de créer un système d’éducation en ligne en utilisant des technologies basiques et pourtant très fonctionnelles.