Ce courrier a été envoyé aux amis et amies de l’ACO qui nous ont soutenu par des dons ces dernières années. Il a été rédigé le 5 mars, juste avant les massacres de civils appartenant principalement à la communauté alaouite en Syrie, sur la région côtière, et ne tient donc pas compte de cet événement horrible et très préoccupant pour l’avenir du pays.
Ne vous inquiétez donc pas, en disant : « Qu’allons-nous manger ? » Ou bien : « Qu’allons-nous boire ? » Ou bien : « De quoi allons-nous nous vêtir ? » – tout cela, c’est ce que les gens de toutes les nations recherchent sans relâche – car votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain s’inquiétera de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.
Matthieu 6, 31-34
Chers soutiens de l’ACO,
Chères amies et amis de notre association,
Des espoirs fragiles mais si importants !
Les événements qui se sont succédé ces derniers mois nous ont étonné par leur intensité, leur caractère surprenant et les changements considérables qu’ils amènent.
Au Liban, de fin septembre à fin novembre, nous avons vécu l’intensification de la guerre entre l’Etat d’Israël et la milice du Hezbollah. Les Libanais ont vécu cette nouvelle crise avec toutes les incertitudes liées aux bombardements, aux destructions considérables, au déplacement de plus d’un million de personnes. Malgré toutes les craintes, une grande solidarité s’est manifestée au cœur de cette épreuve. Les chrétiens, moins touchés que leurs concitoyens de confession musulmane chiite, se sont mobilisés pour accueillir et aider les déplacés. Grâce à votre soutien nous avons pu nous tenir aux côtés de nos partenaires, Eglises, œuvres et ONG, qui se sont tous engagés dans des actions d’entraide, incarnant ainsi cet amour du prochain auquel nous invite sans cesse le Christ.
Aujourd’hui une trêve est en cours et l’affaiblissement du Hezbollah a permis la nomination d’un président et la mise en place d’un nouveau gouvernement. C’est un espoir important pour les Libanais qui ont connu tant de difficultés depuis 2019 avec l’effondrement de leur économie et la paralysie de leurs institutions. La majorité des déplacés sont maintenant rentrés chez eux mais dans le sud du pays beaucoup de localités sont dévastées : des villages se retrouvent sans infrastructures et beaucoup de personnes ont perdu leur habitation. Cela concerne également plusieurs paroisses et familles protestantes de ce territoire. Avec l’ONG « Compassion Protestant Society » nous voulons poursuivre notre engagement avec des projets de rénovation : la clinique protestante de Deir Mimas, le presbytère d’Alma Al-Chaab, les logements de plusieurs familles, la réouverture du centre d’accueil de Tyr pour les enfants syriens réfugiés… Bien sûr dans le même temps nous continuons à poursuivre notre soutien habituel à d’autres œuvres comme le centre social de Bourj Hammoud qui vient en aide à des centaines de familles défavorisées.








Photos du village chrétien d’Alma al-Chaab
En Syrie, le régime criminel de Bachal Al-Assad s’est effondré en quelques jours fin novembre, début décembre, marquant un tournant dans le long conflit syrien qui a débuté en 2011. Comme toutes les autres composantes de la population, les chrétiens sont passés de la surprise au soulagement : le nouveau pouvoir s’est déployé sans grande effusion de sang et pour l’instant les minorités ne sont pas inquiétées.
Cependant les défis restent vertigineux : l’unité du pays reste fragile, le nouveau pouvoir navigue entre une recherche de reconnaissance internationale et les convictions islamistes de ses troupes, des exactions ont lieu de manière épisodique, la criminalité explose dans un pays ruiné où plus de 90% des gens survivent dans la grande pauvreté … L’espoir lié au changement politique se mêle à beaucoup d’incertitudes et à une grande insécurité au niveau social, sanitaire, économique et sur le plan de l’ordre public.
Dans ce contexte, grâce à votre générosité, nous avons décidé d’affecter davantage de fonds aux programmes médicaux et sociaux de nos partenaires : la clinique du Synode Arabe et le centre diaconal de l’Eglise du Christ à Alep ainsi que le programme d’aide médicale de la paroisse protestante de Homs.
A Gaza, à l’heure où j’écris ces lignes, la première phase de la trêve débutée le 19 janvier vient de s’achever et la menace d’une reprise des hostilités plane. L’espoir est ici encore plus faible et pourtant il est crucial pour la vie et l’avenir des deux millions de Gazaouis, la libération des derniers otages israéliens et de centaines de prisonniers palestiniens arrêtés sans jugement. Depuis plusieurs mois votre réponse à notre appel d’urgence a permis de récolter 87 000€ en soutien à l’hôpital anglican Al-Ahli de Gaza. Au cœur de cette tragédie épouvantable le personnel soignant est mis à rude épreuve mais accomplit un travail extraordinaire pour prendre soin des blessés et des malades. En Cisjordanie la situation est également très tendue avec des opérations de l’armée israélienne et le bouclage de l’ensemble du territoire par des centaines de check-points, paralysant la vie quotidienne. Nous soutenons plusieurs projets d’entraide de l’Eglise luthérienne de Terre Sainte (ELCJHL), présente dans plusieurs localités de ces territoires occupés.
A travers la trentaine de projets mis en œuvre par nos partenaires, au Liban, en Syrie, en Palestine mais aussi en Egypte, en Iran, en Irak ou en Arménie, nous espérons contribuer à la recherche de cette justice digne du règne de Dieu, là où chaque vie compte et où l’amour du prochain agit. Dans des contextes où l’insécurité menace et où les besoins matériels sont vitaux, nos sœurs et nos frères du Moyen-Orient s’engagent envers et contre tout, à leur mesure, pour apporter du soin, de la compassion, de l’espérance. Les espoirs sont fragiles mais leur persévérance s’appuie sur leur foi au Dieu Vivant, Celui que nous célèbrerons à Pâques.
En leur nom, merci de votre soutien passé, présent et à venir, dans la prière et la solidarité.
Fraternellement,
Mathieu Busch, pasteur et directeur de l’ACO