Déclaration de la Conférence épiscopale de l’Église (luthérienne) de Norvège, 14 mai 2025

Heureux les artisans de paix (Matthieu 5,9)

Toutes les personnes sont créées à l’image de Dieu et possèdent la même valeur inviolable.

Par conséquent, nous ne pouvons rester silencieux lorsque des individus sont dépouillés de leur humanité. Nous sommes troublés par les événements qui se déroulent à Gaza et nous les condamnons. Nous entendons l’appel de nos frères et sœurs palestiniens dans la foi, qui nous exhortent, en tant qu’Église, à nous élever contre les abus qui se déroulent sous nos yeux.

Le monde semble impuissant à empêcher une crise humanitaire. Des maisons, des écoles, des routes, des réserves d’eau et des systèmes d’égouts sont détruits. Les mosquées, les églises et les hôpitaux sont bombardés. L’accès aux produits de première nécessité tels que la nourriture, l’eau potable, les médicaments et les soins de santé a été coupé. Tout cela détruit les conditions de vie des Palestiniens survivants, au point qu’ils ne peuvent plus rester dans leur patrie. Les traumatismes infligés aux enfants les marqueront pour le reste de leur vie. La population palestinienne est activement déplacée de ses foyers et de son pays.

Cet effondrement humanitaire est aussi un effondrement moral. Le système juridique international – établi pour protéger les personnes et sauvegarder les droits humains même en temps de guerre et d’occupation – est ignoré. Le Hamas a violé le droit international par ses actes terroristes brutaux et ses prises d’otages et continue de le faire tant qu’il retient des otages. Le gouvernement israélien, par ses opérations militaires excessivement brutales qui touchent gravement les civils, affiche un mépris pour les lois humanitaires relatives à la guerre. La gravité de la situation est soulignée par le fait que la Cour internationale de justice a mis en garde contre un possible génocide en cours dans la bande de Gaza et a insisté sur la responsabilité partagée de tous pour l’empêcher. Ce qui se passe actuellement détruit non seulement le peuple palestinien et son avenir, mais porte également atteinte à l’intégrité morale et à la démocratie d’Israël.

Lorsqu’on laisse de tels événements se dérouler sans intervenir, on a l’impression que les vies palestiniennes valent moins que d’autres. En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons rester silencieux face à une telle déshumanisation. Chaque vie perdue ou affectée à Gaza, en Cisjordanie et en Israël est créée avec la même dignité humaine et est aimée de la même manière par Dieu.

Les peuples israélien et palestinien ont le droit de vivre à l’intérieur de frontières sûres. Il ne peut y avoir de paix tant que tous ceux qui vivent entre le Jourdain et la mer Méditerranée, dans un ou deux États, ne jouiront pas de droits égaux et de la même possibilité de vivre en paix et en sécurité.

Un cessez-le-feu doit être rétabli, les otages doivent être libérés, les organisations humanitaires doivent être autorisées à livrer de la nourriture et des médicaments à Gaza, et la violence à l’encontre de la population palestinienne de Cisjordanie doit cesser.

Les efforts diplomatiques en faveur de la paix et de la justice doivent être intensifiés. Nous appelons le gouvernement norvégien, ainsi que d’autres nations, à continuer d’œuvrer pour mettre fin aux atrocités actuelles et pour parvenir à une solution juste qui garantisse une paix durable tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

À l’heure actuelle, il est également nécessaire d’accroître la pression sur le gouvernement israélien pour qu’il mette un terme à ce qui semble être une politique intentionnelle de nettoyage ethnique. Tous les instruments politiques et économiques légitimes, y compris les diverses formes de sanctions généralement utilisées en réponse aux violations du droit international, doivent être envisagés. Il est de la responsabilité et du devoir des autorités politiques d’évaluer et de mettre en œuvre les mesures les plus efficaces dans une telle situation.

Nous constatons que, plus que dans d’autres conflits armés, le langage religieux est utilisé pour légitimer la violence et les actes de guerre en Israël et en Palestine. Nous rejetons toute défense des atrocités fondée sur des références à la volonté de Dieu. Nous encourageons les autres Eglises, en Norvège et dans le monde entier, à condamner clairement la guerre à Gaza et à exprimer leur solidarité et leur soutien aux Eglises palestiniennes et au peuple palestinien dans cette situation. Nous demandons tout particulièrement au Conseil œcuménique des Églises de continuer à le faire au nom de toutes les Églises membres. Notre foi chrétienne ne doit jamais être utilisée, directement ou indirectement, pour justifier le soutien au traitement de la population palestinienne dont fait preuve actuellement le gouvernement israélien.

Nous appelons toutes les personnes à faire ce qu’elles peuvent en cette période critique, afin que nous puissions ensemble défendre notre humanité et nos valeurs humanitaires communes.

En tant qu’Église, nous prions pour toutes les personnes touchées par cette catastrophe et pour tous ceux qui sont en position de pouvoir et de responsabilité. Priez avec nous :

Seigneur, fais de nous des instruments de ta paix !

                                            (Traduction le 17 mai, par Mathieu Busch, ACO, basée sur DeepL)