1 • Paul Berron, un témoin dans la tourmente

Paul Berron,
Un témoin dans la tourmente

L’Action Chrétienne en Orient est née grâce à l’engagement du pasteur alsacien Paul Berron dans le contexte d’un Moyen-Orient bouleversé suite à la Première Guerre mondiale.

Paul Berron au départ d’Alep, 1936

Paul Berron, né citoyen allemand en 1887, grandit au sein d’une famille pastorale protestante. Après ses études de théologie, il partage avec sa future épouse, Madeleine Hey, la vocation de témoigner de l’Evangile en Orient auprès des musulmans.

Envoyé par une mission allemande, le Deutscher Hilfsbund für christliches Liebeswerk, le couple est sur le point de partir à Alep quand leur projet est stoppé net par l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Paul Berron est d’abord mobilisé comme aumônier militaire dans les hôpitaux de Strasbourg mais en 1916 il reçoit l’autorisation de partir en Orient, en tant que civil, pour créer et animer des foyers du soldat allemand qui seront des lieux d’aumônerie. L’Allemagne et l’Empire turc ottoman sont en effet alliés et font face, sur le front oriental, aux forces britanniques et russes.

Paul et Madeleine Berron

Du 16ème siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale, la grande majorité des Arméniens est intégrée à l’Empire ottoman. L’Alsace et la Moselle font partie de l’Empire allemand depuis 1871.

Paul Berron restera en Orient jusqu’en 1919 et cette expérience sera décisive pour son action ultérieure. En effet, il sera témoin, à Alep, du processus génocidaire qui frappe la minorité arménienne.

Animées par une idéologie nationaliste radicale les autorités turques avaient déclenché à partir de 1915 un plan d’extermination des importantes minorités chrétiennes, principalement arméniennes et assyriennes, présentes en Anatolie. L’organisation de ce génocide, succession de massacres et de déportations vers des camps dans le désert syrien, aboutit à la mort d’environ 1,5 millions d’Arméniens.
Plusieurs de ces camps, aux conditions de vie effroyables, se trouvaient dans la région d’Alep et Paul Berron participa, avec d’autres Occidentaux, à des actions de secours.  

Ossements humains sur un site d’extermination, à Deir Ezzor, dans le désert syrien.

La fin de la guerre amena la recomposition politique du Moyen-Orient. Anglais et Français se partagèrent l’administration des pays arabes autrefois dominés par l’Empire ottoman. La France avait également en charge l’occupation de la Cilicie, en Turquie, où de nombreux Arméniens rescapés seront regroupés. Mais les forces turques se recomposèrent et la France évacua la région en 1921, laissant les Arméniens sans défense.

Alors que la Turquie moderne naissait sur la négation de la présence chrétienne pourtant séculaire, un nouvel afflux de réfugiés arméniens arriva à Alep dans une Syrie désormais contrôlée par la France.

Les missionnaires européens et les collaborateurs arméniens de l’ACO à Alep en 1926

Poursuivez le parcours avec le chapitre 2
« Naissance de l’Action Chrétienne en Orient »

Ou revenez au MENU de l’exposition