7 • Engagements de l’ACO en France

Retraite spirituelle à Marseille 1934

Engagements de l’ACO en France

Lorsqu’en 1921 la France cède la Cilicie à la Turquie, un grand nombre d’Arméniens survivants du génocide réussissent à se réfugier non seulement à Alep… mais aussi en France ! Certains sont protestants et sont connus de Paul Berron depuis l’époque de la Première Guerre mondiale. En effet l’Eglise protestante arménienne de l’empire Ottoman était importante et plusieurs pasteurs arméniens jouèrent un rôle décisif à Alep durant le génocide en prenant soin des orphelins et d’autres victimes.

Les réfugiés qui arrivent en France au début des années 1920 ont tout perdu  : ils sont apatrides, parlent peu le français et découvrent un monde dont ils ne connaissent pas les us et coutumes. De misérables camps les accueillent à Marseille. Des connaissances nouées en Orient demandent à Paul Berron son aide pour organiser la vie d’Eglise.

Grâce aux pasteurs et évangélistes arméniens recrutés par l’ACO les fidèles peuvent bénéficier de cultes en arménien et en turc, et tout en s’enracinant en France, rester proches de leurs racines spirituelles et culturelles.Une revue chrétienne bilingue nommée Panpère (le Messager) voit le jour. Elle existe toujours !

Enfants arméniens réfugiés, quartier Saint-Louis à Marseille

Très rapidement plusieurs paroisses sont fondées de Marseille à Lyon et dans la région parisienne.  Le Synode fondateur de ce qui sera l’Union des Eglises Evangéliques Arméniennes de France a lieu en 1927. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ce champ de mission sera aussi important pour l’ACO que celui mené en Syrie. Ainsi les pasteurs de cette Eglise sont-ils principalement rémunérés par l’ACO. La direction est collégiale, assurée à la fois par des membres de l’ACO et de l’Eglise Arménienne. Après la guerre, l’Union devient progressivement indépendante, ce qui est acté par un culte solennel en 1964.

Eglise protestante arménienne à Saint-Julien, Marseille, 1939

Accueil des travailleurs algériens au siège de l’ACO

Mais c’est aussi à Strasbourg que l’ACO est convoquée par l’histoire. A partir des années 1950 les entreprises en manque de main d’œuvre recrutent beaucoup d’ouvriers algériens. Près du siège de l’ACO plusieurs baraquements insalubres hébergent ces ouvriers dont les conditions de vie sont difficiles. L’ACO s’ouvre à eux en conjuguant travail social et témoignage évangélique. Une association spécifique sera créée pour prendre en charge ce champ d’action : l’Association d’Accueil Familial Nord-Africain (AFNA). Le missionnaire méthodiste Paul Brès et son épouse Akila, expulsés d’Algérie après l’indépendance du pays, en deviendront les permanents. Cette époque voit aussi la direction de l’ACO passer de Paul Berron au pasteur Robert Brecheisen.

Lorsque le pasteur Brès prend sa retraite en 1987, la situation a bien changé : la population d’origine maghrébine est largement intégrée mais c’est au niveau du dialogue interreligieux qu’un nouveau défi existe. L’AFNA change de nom et devient le « Service Protestant de Relations avec l’Islam ». L’ACO assurera ce travail important jusque dans les années 2000 avant que les Eglises protestantes d’Alsace et de Lorraine le reprennent directement.

Le pasteur Paul  Brès

Rencontre de jeunes des Eglises protestantes arméniennes au Chambon-sur-Lignon, 1946