5 • Nersès Khachadourian

Nersès Khachadourian,
De victime du génocide à surintendant de l’ACO

« Mon cœur déborde de reconnaissance quand je me souviens de la bonté de Dieu à mon égard. En 1915, à l’âge de 7 ans, les déportations m’ont cruellement séparé de ma famille et j’ai vécu comme esclave chez des paysans kurdes durant 4 ans. Puis 10 ans de tribulations m’ont amené en Syrie, au Liban, en Turquie et en Grèce pour finalement arriver à Marseille. Tout ce temps, le Seigneur a veillé sur moi et m’a maintes fois délivré d’une mort certaine. Je ne savais pas alors que par cette fournaise, Dieu me forgeait pour son service. »

Extrait d’une lettre à Paul Berron en 1961

Nersès Khachadourain à Alep

Nersès a trouvé soutien et réconfort auprès des organisations chrétiennes qui ont jalonné son périple et c’est tout naturellement qu’il décide de s’engager auprès de l’Eglise arménienne à Marseille

Il y rencontre Paul Berron qui discerne son potentiel et l’encourage à poursuivre des études de théologie pour devenir pasteur. Il l’appelle ensuite à exercer en Syrie où d’après lui, l’évangélisation doit être confiée à des « collaborateurs orientaux »

Colportage au marché d’Afrin, près d’Alep

En 1936 Paul Berron lui demande d’initier une nouvelle dynamique dans les communautés chrétiennes de la Djézireh, au nord-est de la Syrie. Il est chargé d’y implanter un centre missionnaire soutenu par l’ACO, avec des écoles et des églises, et d’établir des liens avec l’Eglise protestante arabophone du Synode Arabe. Tout en restant basé à Alep, il effectue jusque dans les années 60 de nombreux voyages dans cette région.

Classe de jeunes filles à Hassaké, 1951

Une période agitée suit l’indépendance de la Syrie en 1946 sur fond de nationalisme et de décolonisation. C’est un tournant pour l’ACO car la plupart des étrangers doivent quitter le pays. Les Eglises locales demandent aussi à organiser différemment leurs relations avec les organismes missionnaires.

C’est avec confiance que Paul Berron désigne alors Nersès comme son vis-à-vis en Syrie et comme le représentant officiel de l’ACO face aux autorités syriennes. De nouvelles responsabilités lui sont dès lors déléguées. Négocier le transfert des biens et du travail de l’ACO aux Eglises locales en fait partie.

Nerses et son épouse Gulenia (1errang à gauche) à Alep avec des missionnaires

Signature des accords avec le Synode Arabe

Le centre missionnaire d’Alep sera confié à l’Union des Eglises Evangéliques Arméniennes et prend le nom d’« Eglise du Christ » en 1959.  En 1962, un accord est signé avec l’Eglise du Synode Arabe présente en Syrie comme au Liban. C’est dans ce pays que certains des missionnaires expulsés de Syrie vont poursuivre leur ministère et que de nouvelles perspectives s’ouvrent pour l’ACO.

Signature des accords avec le Synode Arabe

En 1966 Nersès quitte Alep pour Téhéran où il se fixe un nouveau défi : aider les chrétiens d’Iran auxquels l’ACO se doit de donner un appui spirituel et matériel. C’est grâce à lui que s’établissent des liens durables entre l’ACO et les communautés protestantes du Synode d’Iran.

Il y reste jusqu’en 1981 et prend sa retraite aux Etats-Unis où il décède en 1984.

Il résume sa destinée par ces quelques mots : la Vie en Christ, l’Eglise et la Mission.

Nersès à l’école arménienne Gohar de Téhéran