Il y a cent ans, le pasteur Paul Berron prenait appui sur cette parole du Christ pour inviter à l’engagement. Surnommée « la règle d’or », ce verset biblique nous appelle à nous mettre à la place de l’autre, pour changer de regard et vivre la solidarité dans un esprit de réciprocité.
L’autre, vers qui je me tourne au nom de l’Evangile, devient un compagnon de route : nous approfondissons notre humanité ensemble et nous cheminons vers le Royaume de Dieu à travers l’action concrète et la communion spirituelle.
Anne-Marie Beck Tartar, visitant une personne souffrante
Rencontre dans un camp de réfugiés au Liban
Cette inspiration reste pertinente aujourd’hui. Ce début de 21e siècle est particulièrement éprouvant pour les peuples du Moyen-Orient qui subissent de nombreuses crises. Il suffit d’évoquer les conséquences désastreuses de l’invasion américaine de l’Irak en 2003, les bouleversements issus des « printemps arabes », la guerre en Syrie, l’effondrement économique du Liban, le durcissement du régime iranien sans oublier la récente pandémie.
L’ensemble du Moyen-Orient reste un lieu de confrontation géopolitique aux multiples enjeux où puissances régionales et internationales s’opposent, où pouvoirs autoritaires et mouvements islamistes se déchirent alors que les attentes en matière de justice et de démocratie sont bien présentes.
Ce contexte met les Eglises à rude épreuve. Elles ont cependant conscience de jouer un rôle important au sein d’un environnement musulman : elles sont porteuses d’altérité et de valeurs pluralistes, elles tissent un lien positif entre l’Orient et l’Occident, elles témoignent de l’Evangile en étant au service de leur société, elles développent des relations islamo-chrétiennes constructives.
Malkié, Syrie, école du dimanche, 2019
Ce rôle des chrétiens en Orient, comme minorité dynamique, est pourtant fragilisé par l’exil engendré par les crises successives. Cette situation minoritaire rejoint en un sens la question du témoignage chrétien en Occident où la sécularisation place les Eglises dans une nouvelle perspective. D’autres questions sont communes : la crise des réfugiés, le rapport à l’islam, la question de l’islamisme politique et du terrorisme, la place des religions dans la société.
Eglise arménienne à Beyrouth
Il s’agit d’éviter l’écueil de s’enfermer dans une simple logique de survie, mais aussi de prendre garde à ne s’investir que dans l’action humanitaire.
Elèves d’une des écoles protestantes d’Alep