En septembre dernier, Nicola Kontzi-Méresse, accompagnée de son mari Alain, a débuté son ministère pastoral en Egypte. Elle partage avec nous cette lettre de nouvelles.

Chers vous tous,

Nous vous saluons de cette terre ancestrale qu’est l’Egypte  –  si multiforme, multi-culturelle et multi-religieuse, si attachante, si difficile à vivre aussi pour beaucoup, si contrastée…

Nous voici ici depuis 6 mois maintenant.

En janvier, nous avons vécu mon culte d’installation – une première étape dans ce ministère si divers et complexe – et c’est enfin l’occasion de donner des nouvelles !

L’arrivée ici au Caire (et en Alexandrie) demandait d’intégrer tant d’aspects différents qu’il était (et est) difficile d’y mettre des mots. La vie dans cette mégapole, vivante et bruyante jour et nuit dans laquelle toute démarche prend un temps fou ; deux logements de pasteur à aménager ; tant de différentes couches sociales à rencontrer ; tous les jours utiliser trois à quatre langues, apprendre l’égyptien mais aussi les codes sociaux ; vivre avec les paroissiens qui, eux, viennent pour une grande partie du continent subsaharien ; s’adapter à la chaleur tout en devant se couvrir convenablement dans cette société à majorité musulmane…   

Mon culte d’installation

Commençons alors par les participants à cette belle assemblée, rassemblée le 27 janvier dans la petite église anglicane St John Baptist à Maadi au Caire. Ils pourront témoigner de la diversité de ce que nous vivons ici, au moins d’une partie :

Il y avait le président des Eglises protestantes égyptiennes et des membres de ses communautés – un beau témoignage d’accueil et d’envoi dans cette terre égyptienne, terre des premiers chrétiens.

Des représentants des Eglises soudanaise, anglicane, allemande, catholique, charismatique, … des représentants de l’ambassade française, des étudiants de l’université Senghor d’Alexandrie, et les représentants de nos partenaires européens  ACO (Action Chrétienne en Orient), CEPF (Communauté d’Eglises Protestantes Francophones), DM (Suisse Romande) !

Et notre paroisse, bien sûr, composée de personnes bien diverses, du Cameroun, Congo (les deux), Centrafrique, Burkina Faso, Tchad, Haïti, Madagascar, Côte d’Ivoire, France, Benin…

Le pasteur allemand jouait le violon, et un membre congolais du synthé : ici, on combine le style de musique pour que chacun puisse trouver sa place – un beau défi.

Le groupe des femmes m’a fait une grande surprise ! Un chant, un bouquet de fleurs, des rideaux pour le presbytère … Et le conseil presbytéral avait concocté un panneau en tissu pour accueillir les hôtes à la porte de l’église …Que de surprises pour moi, avant un succulent repas africain préparé par le groupe des femmes. Repas qui a su réunir les paroissiens et les invités et ainsi permettre un bel échange.

Les défis

Il en faut des occasions comme celles-là ! Car, la vie n’est pas très facile ici.

Deux mégapoles abritent environ 34 millions d’habitants, 23 M. au Caire et 11 M. en Alexandrie. Vous vous imaginez bien que la rencontre n’est pas facile. Les chemins sont longs, les moyens de transport souvent bloqués par les embouteillages, les paroissiens occupés par des horaires de travail pas possibles (au Caire) ou leurs études intenses (en Alexandrie).

Alors, moi qui aime la « vraie rencontre » j’ai dû me faire aux moyens de communication virtuelles… J’écris des messages spirituels sur les groupes WhatsApp et je fais beaucoup de pastorale par ce moyen… il faut encourager, nourrir, fortifier, bénir…par tous les moyens qui nous sont donnés !

Et puis, il y a les surprises, encourageantes, attachantes : « Pasteur, je viens. Il faut qu’on prie pour l’Eglise. ». Une Lumière dans la journée.

Alain a créé un site internet – que vous êtes invités à visiter ! : eecepa.com (Eglise Evangélique du Caire et Eglise Protestante d’Alexandrie). Ainsi, ceux qui chercheront l’Eglise Protestante Francophone en Egypte pourront la trouver !  Elle existe, elle vit – avec la grâce du Seigneur.

Elle vit, par sa présence fidèle en l’église St John Baptiste (Maadi/Caire) et en Alexandrie. Par le baptême d’adulte qui a pu se faire – deux autres s’annoncent déjà ; par la bénédiction d’une enfant nouveau-née chez elle, dans ce quartier modeste en face des pyramides ; par ce culte de consolation pour une défunte accidentée ; par ces paroles de bénédiction lors de l’ouverture du nouveau restaurant d’un paroissien, par cette veillée et la sortie en bateau après le culte de Noël… Elle vit : par Jésus-Christ !

Elle est humble, l’Eglise, et si nécessaire.

Ici, chacun.e a un visage d’humain. Chacun.e est bienvenu.e : lors de la première visite, les femmes lui chantent ce chant de bienvenue :

« Nous sommes contents de te voir aujourd’hui, nous sommes contents de te voir aujourd’hui.

      Ma sœur/mon frère, que Dieu te bénisse ! Nous sommes contents de te voir aujourd’hui ! »

Les adaptations

L’autre volet de mon ministère ici est de représenter l’Eglise envers les autorités civiles (contact avec les ambassades, associations…) et envers les autres Eglises. Alors, nous allons aux cultes (ou même aux messes ou à la divine liturgie) des autres, un peu partout au Caire et en Alexandrie, et puis, s’installe le dialogue et la rencontre. Pour la nuit de Noël copte, la divine liturgie a duré 5 heures. Oui, nous sommes une partie de l’Eglise Universelle ! En Europe et ici.

Ici, on le sent peut-être encore plus car les chrétiens doivent se soutenir, et il existe la complicité et l’entraide de la minorité. Et la communion spirituelle.
Ceci se passe au niveau ecclésial, bien sûr, mais bien de petites rencontres se font aussi dans les rues, les magasins ou le métro : ahhh, il ou elle a une croix tatouée sur son poignet … un/e chrétien.ne !

Une des premières choses que nous avons faites ici, c’est de trouver une femme de ménage copte qui ne parle que l’égyptien. On veut avancer dans la langue du pays ! (et c’est bien la première fois que nous nous permettons d’avoir quelqu’un qui fait une partie du ménage pour nous. Mais ici, ce n’est pas du luxe… venez voir la poussière dans l’air du Caire ! et bonjour les bronchites.). Quelle belle relation qui s’établit donc avec Nawal. Elle nous amène à son église et au monastère, et elle nous montre les astuces pour garder la santé lors des mois d’hiver.

Le climat local

D’ailleurs, parlons d’hiver. Il fait chaud en Egypte, n’est-ce pas ?! Eh bien, pas toujours. En hiver le froid traverse les maisons et les os. Il n’y a pas vraiment de chauffage et des courants d’air partout.

A défaut de vin chaud il faut donc boire du : clou de girofle avec cannelle et gingembre et l’anis qu’on trouve ici. Combiné avec du citron vert et du miel. Tout se trouve au marché ! Nous buvons ce breuvage (délicieux) depuis fin novembre. Il faut, quand on est assis dans sa maison, se mettre la bouillotte sous les plantes des pieds et dans le bas du dos, —  ça, c’est ma technique importée d’Europe. Il faut se mettre de la laine aux poignets ou des mitaines…

Mais– MA’ALECH (« ce n’est pas grave ») – le beau temps reviendra ce mois de mars.

Voici quelques impressions de ce pays et de ses habitants si attachants. La situation pour eux est souvent difficile avec le situation économique et l’importante inflation. Difficulté encore renforcée pour celles et ceux qui ont quitté leur pays espérant trouver des conditions de vie meilleures. Souvent, il y a désillusion mais on s’accroche, au Seigneur.

Merci alors, pour votre écoute, merci pour vos dons qui aident à être présent, qui aident aussi, parfois, à donner des coups de mains.

RABOÛNA  MA’ÂKOUM !!  (salutation d’au revoir chrétienne) –   Notre Seigneur est avec vous !

Nicola et Alain Kontzi-Méresse