1. Des nouvelles de Brigitte Colard

Voilà maintenant bientôt 2 mois que je suis au Caire, envoyée par l’Action Chrétienne en Orient et le DEFAP.

Je suis chargée de faire de l’aide aux devoirs dans un foyer de 80 jeunes filles qui ont de 4 à 18 ans (Pour mieux connaître ce foyer d’accueil de jeunes filles cliquez sur ce lien)

Certaines vont dans une école privée où elles apprennent le Français, d’autres vont à l’école gouvernementale et apprennent l’Anglais.

Je fais donc du Français et des Maths (en français) avec certaines, et de l’Anglais avec d’autres ! Il m’arrive aussi de corriger des exposés pour les étudiantes en littérature française qui sont encore dans le foyer. Le travail est donc très diversifié et je ne m’ennuie pas ! J’ai des groupes de 2 à 6 filles, suivant les niveaux, et je passe par tous les âges, du jardin d’enfants où elles commencent à apprendre à écrire et à lire en français, jusqu’aux grandes de 18 ans !

J’admire ces filles qui apprennent à écrire un tout autre alphabet que le leur, en plus de gauche à droite alors que  leur habitude est d’écrire de droite à gauche, et doivent en plus s’habituer à entendre et dire des sons qui n’existent pas dans leur propre langue ! Plus quelques autres subtilités comme écrire le verbe être qui n’existe pas en arabe et penser à rajouter toutes les voyelles qu’on n’écrit pas non plus en arabe !

Je propose aussi une chorale pour préparer les chants de Noël. J’étais déjà venue au mois de Mai et les avais fait chanter à haute dose parce qu’elles n’avaient pas école à cause du confinement. Mais j’ai dû revoir mes prétentions à la baisse car il y a beaucoup de travail scolaire et peu de temps pour faire autre chose… je vous passe les détails de l’organisation des groupes et des horaires… c’est un peu à la « va comme je te pousse » ! Je sors dans le couloir et je vois qui est libre ! Car il y a beaucoup de personnes qui viennent aider aux devoirs, et nous nous retrouvons quelquefois à 8 ou 10 pour aider les filles, en arabe, maths, sciences, religion, français, anglais et encore d’autres matières que je n’ai pas retenues !

Mais nous chantons au moins une fois par semaine, et nous organisons un petit concert pour Noël dans l’église juste à côté ! Nous chanterons aussi pour 2 messes prévues autour de Noël.

La sœur responsable de la maison est assez extraordinaire ! Bien sûr elle les connaît toutes, mais elle les suit toutes personnellement, regarde leurs devoirs, note leurs progrès, s’occupe de ses filles malades, est partout à la fois sans pourtant courir dans tous les sens !

Les filles n’ayant cours que le matin,  je travaille là-bas de midi à 18h30 – 19 heures, et prends 2 jours de congé le jeudi et le dimanche. Mais j’avoue que je ne cours pas trop à droite ou à gauche pour visiter le Caire, ayant déjà vu beaucoup de choses en Mai. Ce séjour est plutôt marqué par les rencontres.

Le logement que j’ai est au deuxième étage d’une école privée américaine et sert à loger des envoyés français et américains, donc nous faisons connaissance !

Il y a Lise, qui est aussi envoyée du Défap et de l’ACO et travaille à l’école juste à côté comme intervenante en Français, puis Madeleine qui travaille avec moi au foyer, envoyée par l’œuvre  d’Orient qui semble être le pendant du Défap côté Catholique. Ils ont de nombreux envoyés en Egypte. Puis il y a Claire qui vient de terminer son année en tant qu’envoyée au foyer mais qui a voulu rester en Egypte et a trouvé un poste de professeur de Français dans une école privée.

Côté américain, un couple présent ici depuis 7 ans, professeur d’Ancien Testament pour lui, elle s’occupant du soutien psychologique et spirituel des étudiants et professeurs de leur école de théologie. Et une américaine, Tracy, qui s’occupe du soutien des chrétiens soudanais.

J’évolue donc dans différents milieux… avec les américains je suis allée dans leur église, ai participé à un culte chez les soudanais, fêté Thanksgiving, décoré des gâteaux de Noël en écoutant l’histoire de Noël, et fêté le premier jour de l’Avent en décorant un sapin !

Avec l’œuvre d’Orient j’ai fait la connaissance des frères Dominicains, chez qui je vais le mercredi soir quand je peux : messe, repas et partage biblique. Le plus grand plaisir des filles est de pouvoir y aller le jeudi après-midi pour profiter du jardin !

Et je participe aux activités de la paroisse protestante francophone du Caire-Alexandrie. Nous devions préparer le culte de Noël enregistré par la Télévision Suisse Romande à Alexandrie, mais la pandémie en a décidé autrement… dommage ! Mais nous avons tout de même une petite chorale ! Le culte de rentrée de la paroisse avait lieu à Alexandrie et j’ai pu profiter du voyage pour voir la ville et rencontrer les frères et sœurs protestants là-bas, tous jeunes étudiants à l’université francophone Senghor, et tous venant de pays de l’Afrique subsaharienne et même de Haïti !

Comme vous le voyez mes journées sont bien remplies et je n’ai pas le temps de m’ennuyer ! Il faut encore rajouter 4 heures d’arabe par semaine… plus tout le temps pour l’assimiler… mes neurones sont moins performants que ceux de ces demoiselles !!

Je vais donc passer Noël ici, sans sapin, sans marché de Noël, sans « bredele » et sans neige !

Tout ce qui fait les beaux Noëls alsaciens !

Mais la chaleur des égyptiens, et particulièrement des filles, leur gentillesse, leur sourire et leur affection, sont telles que le cœur ne manque de rien !

Je vous souhaite à toutes et tous un Noël béni, plein de sourires, de joie et de partage.

Que la Paix de Noël vous accompagne là où vous êtes, en France ou en mission aux quatre coins du monde.

Brigitte

2) Des nouvelles de Lise Couyssat (en mission au New Ramses College : pour en savoir davantage, cliquez sur ce lien).

Ça fait maintenant trois mois et demi que je vis en Égypte. Je peux maintenant utiliser le terme « vivre » car je commence à y faire ma place. J’ai mes habitudes, je connais de plus en plus le Caire et je sais où aller et comment réagir dans beaucoup de situations.

Les différences culturelles sont toujours là mais on s’y habitue. Tout comme on s’habitue à l’environnement. Traverser une route à 4 voies et marcher sur un trottoir rempli de détritus me semblent maintenant des choses normales.

C’est une bonne étape dans mon voyage je pense, qui me permet de découvrir le pays au-delà de ses aspects superficiels. Je suis donc plutôt bien adaptée en général.

Seulement, la peur de l’inconnu subsiste. Même s’il m’est plus facile d’oser demander et d’essayer de me faire comprendre, certaines choses sont encore difficiles à faire toute seule. Exemple tout bête, prendre son courage à deux mains et commander un repas à emporter sur un menu écrit en arabe dans un fast food bondé d’égyptiens où tout va très vite..

La mission en elle même est très intéressante. L’accompagnement de mes collègues (et des égyptiens en général) est INCROYABLE.

La relation prof/élève est très gratifiante. Beaucoup d’élèves me disent bonjour entre les cours, me posent des questions, rigolent avec moi.. Comme quoi, ne pas parler la même langue ne biaise que très peu les relations entre deux individus. Surtout avec les enfants.

Même si le manque du pays et des proches apparaît parfois, je sens que partir a été la bonne décision. Elle a donné d’autres horizons dans ma vie et m’a permis de voir tellement de choses qu’on  ne peut en vérité comprendre que si l’on s’en approche de près.

Si vous lisez ma lettre parce que vous cherchez des informations sur le pays avant de partir : PARTEZ ! Rien de mieux que de découvrir de ses propres yeux.

Si vous lisez car vous hésitez à partir : N’HÉSITEZ PLUS ! J’ai fait tellement de rencontres incroyables et ouvert tellement de perspectives dans ma vie que je ne peux pas le regretter (si si, même en seulement 3 mois). J’ai pu m’inscrire à des cours de théâtre, savoir que le métier de professeur est difficile, comprendre que des enfants font de leur mieux pour vous écouter, essayer d’apprendre à devenir humble, prendre des cours d’arabe.

Enfin, si vous lisez simplement cette lettre car vous êtes adeptes du journal des envoyés ou fin lecteur des nouvelles de l’Action Chrétienne en Orient : je vous remercie et espère qu’elle vous aura plu.

Je souhaite par ailleurs la meilleure des expériences aux autres envoyés de ma « promotion » 2021.

Lise.