Après plus de dix années de guerre la situation syrienne est loin d’être résolue : si le conflit est en ce moment de basse intensité il implique toujours de nombreux acteurs et aucune solution politique ne se dessine. Pour l’immense majorité de la population la vie quotidienne s’est même grandement aggravée.
Le sentiment général est celui de vivre une véritable guerre économique qui écrase tout un chacun de manière indistincte. Le renforcement des sanctions américaines en 2020, l’effondrement de l’économie libanaise – dont les liens sont étroits avec la Syrie – et la pandémie se conjuguent pour rendre la vie impossible. La dévaluation de la monnaie syrienne et l’augmentation des prix se sont accrus ces derniers mois avec pour résultat les tristes records suivants : 82% de la population syrienne vit aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté et plus de 60% des 20 millions de syriens sont en insécurité alimentaire. Il y a de nombreuses pénuries.
Un nombre toujours plus important de familles dépendent exclusivement de l’aide humanitaire pour survivre.
Dans ce contexte l’Eglise protestante du Synode Arabe continue de mettre en œuvre un programme d’assistance conséquent qui vise à soutenir financièrement les personnes vulnérables sur le plan des besoins les plus essentiels : fuel pour le chauffage en hiver, aide au logement pour les déplacés, aide alimentaire, accès à l’eau potable, aide médicale.
C’est dans ce domaine, celui de la santé, que le Synode Arabe sollicite l’Action Chrétienne en Orient. Il s’agit de financer les besoins en médicaments (notamment pour les maladies chroniques), les examens médicaux, les analyses en laboratoire et les opérations chirurgicales pour environ 400 personnes. Le coût de cette aide médicale fait partie des prix qui ont augmenté ces derniers mois et les besoins sont de plus en plus importants pour les plus pauvres et les plus fragiles. Les personnes qui s’inscrivent pour ces aides sont souvent atteintes de pathologies cardiaques et de cancers.
Le système d’aide est rôdé depuis des années : les personnes peuvent s’inscrire auprès des paroisses du Synode. Un comité local composé de conseillers presbytéraux et du pasteur examine les demandes en lien avec des médecins appartenant au comité médical et social du Synode Arabe. Les aides financières sont attribuées en fonction des situations et sur présentation des factures des structures de soin comme les hôpitaux. Les bénéficiaires sont aidés mais participent toujours à une partie des coûts dans la mesure de leurs moyens.
La plupart des personnes qui demandent à bénéficier de cette aide sont liées aux paroisses du Synode : paroissiens, sympathisants, voisins. En Syrie chaque personne en détresse se tourne d’abord naturellement vers sa communauté d’appartenance, Eglise ou réseau d’aide musulman, pour trouver une solution, ce qui n’empêche pas des partenariats et des soutiens plus larges. Plusieurs structures de soins que nous supportons par ailleurs, notamment à Alep, accueillent bien sûr également des musulmans.
L’aide que nous pouvons apporter contribue ainsi à soulager les personnes souffrantes mais permet aussi aux paroisses d’agir concrètement pour vivre leur action diaconale et aider ceux qui le souhaitent à tenir bon face à la tentation du désespoir et de l’exil. Avec la dégradation de la situation dans le pays voisin, au Liban, ce programme d’assistance médicale fonctionne maintenant aussi « au pays des Cèdres ».
Le pasteur Salam Hanna, de Lattaquié en Syrie, est l’un des responsables du programme d’assistance du Synode Arabe. Il partage avec nous, et avec son accord, la situation de Mme Munira Jabbour Baghdoud, afin d’illustrer ce que vivent beaucoup de syriens et syriennes.
Mme Jabbour est une veuve de 78 ans et l’une des personnes les plus précaires de la communauté protestante de Lattquié.
Avec sa fille, Fadia, elle-même veuve, et ses deux petites-filles, Georgina et Miralla, qui ont toutes les deux un emploi, elles partagent ensemble un petit appartement misérable, composé d’une chambre et d’un salon.
La location de l’appartement se monte mensuellement à 50 000 livres syriennes (en décembre 2021 cela fait environ 17,5€, un montant que gagne environ, mensuellement, un fonctionnaire en Syrie…), une somme pourvue par son fils, Nasri, sa fille Fadia et l’aide de l’Eglise : en effet Munira n’a aucune source de revenu. La paroisse locale de Lattaquié aide Munira au niveau de tous les besoins élémentaires.
Elle souffre par ailleurs de plusieurs maladies chroniques : hypertension, diabète, cholestérol…Le coût de ses soins médicaux s’élève à 26 300 livres syriennes par mois. Grâce au soutien de l’ACO, le comité des services sociaux et médicaux du Synode Arabe lui fournit une assistance qui couvre la moitié de ses frais de santé. 80 autres personnes sont aidées de manière similaire au sein de la communauté de Lattaquié, toujours grâce aux sommes envoyées par l’ACO.
Le pasteur Salam Hanna souligne combien ce soutien au financement des soins médicaux est très précieux et appréciée avec beaucoup de reconnaissance : « Que Dieu vous bénisse ! »